La série des Metal Gear ayant vraisemblablement décidé que la PSP n'était pas encore assez Solid pour accueillir un vrai jeu d'action/infiltration, nous nous retrouvons aujourd'hui devant un épisode de la saga créé sous le sceau de la stratégie. Quand on y songe, bien que cette orientation soit étonnante, elle n'est en rien innocente puisque depuis les débuts de la saga, le joueur a toujours été invité à réfléchir avant d'agir en analysant les déplacements des ennemis avant de choisir une parade efficace.
Le katana vous permettra de tuer un ennemi en une seule attaque.
Avant d'entrer dans le vif du gameplay, permettez-moi de vous donner quelques précisions sur l'histoire et l'ambiance de Metal Gear Acid. Si je vous en ai déjà parlé en long et en large lors de ma preview, je souhaiterai ajouter que l'atmosphère générale est calquée sur celle des deux premiers Metal Gear Solid, aussi bien pour ce qui est de l'univers froid et métallique que du scénario militaro-politique. D'ailleurs, bien que ce dernier soit moins ambitieux que celui des MGS, il fait office de nouvelle pierre de la mythologie Metal Gear. Alors que tout commence par le détournement d'un avion qui a à son bord un sénateur américain candidat à la présidence, l'histoire évolue suffisamment vite pour tenir en haleine. Ceci se caractérise par une mystérieuse relation entre le projet Pythagoras (réclamé par les responsables du détournement) et les Metal Gear. De plus, Solid Snake, qui sera envoyé sur l'île de Lobito qui a vu naître le projet de recherche, découvrira qu'il est intimement lié à toute cette affaire. Mettant en scène plusieurs personnages typiques de la série (le bad-guy charismatique, le mentor qui renseigne Snake, les indics qui ne jouent pas franc jeu...), le jeu ne lésine pas sur les surprises scénaristiques et les cinématiques. A ce sujet, on regrette quelques dialogues un peu longuets et sans réel intérêt qui profitent néanmoins de jolis artworks à chaque fois que quelqu'un intervient.
Comme toujours, les phases de dialogue seront nombreuses. Je précise que la version commercialisée est localisée.
La bonne nouvelle est que les personnages que vous rencontrerez sont en majeure partie inédits. Tous les protagonistes n'ont pas droit à la même place mais chacun, à sa manière, constitue une pièce du puzzle. Comme il est de coutume, on retrouve les phases de CODEC grâce auxquelles vous pourrez discuter avec Roger Mc Coy (un ami de Roy Campbell) ou Alice Hazel, une médium anglaise avec qui Snake entretiendra une relation houleuse. Cependant, le personnage le plus intéressant est la dénommée Teliko Friedman, un membre des Forces spéciales HRT que vous pourrez découvrir durant une phase de gameplay au tout début de la partie. Si vous ne pourrez pas diriger la Belle durant ladite phase, vous la retrouverez à la mission 7 au terme de laquelle elle rejoindra votre petite expédition. A partir de là, vous contrôlerez non pas un mais deux héros, ce qui rendra la progression plus convaincante. Les missions ne seront pas nécessairement plus vivantes mais le fait de pouvoir élaborer des stratégies en duo multipliera d'autant plus les approches tactiques. Maintenant que nous avons fait les présentations, voyons de quoi est fait le corps de ce MGA.
Outre les actions rattachées aux cartes, vous pourrez effectuer d'autres mouvements comme en témoigne cette image.
Tout d'abord, le système s'appuie sur des cartes qui vous serviront durant les missions. Ces cartes, qui pourront êtres achetées dans une boutique, obtenues en tuant des ennemis ou en trouvant des packs sont de cinq types : Armes, Action, Soutien, Objet et Personnage. Chacun de ces types sera utile pour effectuer des actions spécifiques qui seront toutes synonymes d'un certain coût (temps) plus ou moins important en fonction de l'action. Ceci est une donnée importante à prendre en compte si vous voulez être assez vif face à vos ennemis. Ainsi, avant de rentrer de plein pieds dans une mission (accessible par le biais d'une map où les lieux apparaîtront au fur et à mesure de l'avancée du scénario), réfléchissez bien en constituant votre deck. Bien que ce dernier ne soit constitué, au tout début que de trente cartes, ce nombre augmentera par la suite, tout comme la barre de vie de Snake qui évoluera de la même manière. Pour revenir à la constitution du deck, sachez que vous aurez la possibilité de laisser la console le faire à votre place en choisissant la fonction Auto. Enfin, n'oublions pas la touche Carré qui vous servira à obtenir toutes les informations nécessaires sur une carte. D'ailleurs, le petit livret vendu avec la version européenne pourra vous faciliter la tâche puisque les 204 cartes du titre y sont répertoriées.
Les effets d'explosion sont joliment rendus, tout comme le graphisme du titre par ailleurs.
Une fois en possession de vos cartes, il vous faudra encore piger comment fonctionne le gameplay. Pour tout dire, les règles sont simples à assimiler, le plus dur étant de se rappeler ce que veulent dire les chiffres, codes de couleurs (liés au pourcentage d'attaque et de défense) et autres informations liés aux cartes. Comme dans n'importe quel jeu se déroulant au tour par tour, vous allez devoir choisir vos actions avant que vos adversaires ne fassent de même. Pour chaque tour, vous disposerez de six cartes choisies au hasard dans votre deck. Si vous veniez à être à cours de cartes alors que la mission n'est pas terminée, votre deck serait à nouveau battu pour débuter un nouveau tour. Les actions que vous pouvez réaliser s'articulent autour de trois thèmes (Se déplacer/Utiliser/S'équiper De) qui varieront en fonction de la carte sélectionnée. Si quelques cartes ne disposent que d'une action, la plupart d'entre-elles vous proposeront deux choix. En fait, c'est ce choix qui constitue principalement l'élément stratégique du titre. Ainsi si une carte Arme vous permet de vous déplacer ou de tirer, on aura tendance à la garder pour éliminer un ennemi plutôt que pour se déplacer. Ceci s'applique à toutes les autres cartes et on prend vite le coup, même si le fait d'avoir droit à un tirage aléatoire de cartes, à l'image de Baten Kaitos, complique considérablement la donne. Pour faire simple, vous devrez toujours composer en fonction des ennemis ou des dangers à affronter. S'équiper d'une carte armure pour minimiser les dégâts, choisir celle de l'Evasion pour avoir plus de chances d'éviter les attaques ou utiliser un tour pour utiliser une carte Kit médical afin de soigner ses blessures seront autant de questions que vous devrez vous poser pour faire face au danger.
Lorsque vous mettez en joue un ennemi, une mise en scène dynamise l'action.
Bien que le jeu reprenne tous les codes des MGS (les phases d'alertes, les symboles au dessus de la tête des gardes pour représenter leur condition, les parties de cache-cache...), l'ensemble a contre lui pas mal de défauts. Le premier concerne la visibilité qui est assez exaspérante. On a beau pouvoir tourner la caméra à 360°, la vue aérienne n'est pas optimale et les éléments du décor empêchent de bien visualiser la configuration du terrain. De plus, l'unique solution pour voir où se trouvent tous les gardes est d'appuyer sur le bouton Triangle et de se balader via les touches directionnelles, le stick analogique servant simplement à voir ce qui se passe à proximité de Snake ou Teliko. Ensuite, bien qu'on puisse utiliser une avance rapide quand c'est au tour des ennemis de jouer, ce système reste bien trop pesant et nous oblige à parfois attendre 20 longues secondes avant de jouer. On notera aussi une IA assez perfectible avec des gardes qui font souvent abstraction des murs pour essayer de nous atteindre. D'ailleurs certains bugs font que les ennemis arrivent à nous toucher malgré la présence d'éléments entre eux et nous. Question difficulté, les sauvegardes sont possibles entre chaque mission ou au milieu de certaines d'entre-elles qui sont découpées en deux parties et on avance rapidement, du moins si on ne recherche pas la finesse.
Avec Teliko à vos côtés, vous pourrez élaborer des stratégies de jeu plus poussées.
En ce qui concerne la collaboration entre Teliko et Snake, disons qu'il y a du bon et du mauvais. Le meilleur se situe au niveau des tactiques de jeu qui sont beaucoup plus intéressantes alors que le moins bon est caractérisé par des missions bien lourdes où vous devrez vous entraider mutuellement pour passer des portes, etc. Ce n'est pas un mal en soi, au contraire, mais ces stages sont généralement mal pensés, très ennuyeux et nous obligent à d'indécentes balades. Au delà de ça, les deux personnages sont suffisamment complémentaires pour légitimer leur union. Ainsi, si Snake est plus résistant, Teliko pourra user de Contres lorsqu'un ennemi lui tirera dessus ou utiliser d'emblée trois cartes/tour contre deux pour Snake. Pour information, certaines cartes pourront monter ce nombre jusqu'à quatre, et ce pendant 10 tours. En résumé, malgré plusieurs problèmes, le jeu reste accrocheur et reproduit fidèlement un univers dont les règles sont bien établies. On y retrouve un scénario plus profond qu'il n'y paraît tout comme la majorité des mouvements de Snake (Ramper, se coller au mur, se suspendre) ainsi qu'un système de jeu assez complet. Cependant, Metal Gear Acid fait un peu figure d'ébauche en cela que sa jouabilité est loin d'être optimale et que le rythme de l'aventure est assez décousu. En attendant de vérifier si Metal Gear Acid 2 gommera toutes les imperfections de son grand frère, c'est à votre tour de battre les cartes et de bluffer vos adversaires.