On avait laissé Naruto aux prises avec Gaara dans Rise of a Ninja. Eh bien, on le retrouve à peu près au même endroit dans Naruto : The Broken Bond. Malheureusement, l'humeur n'est pas à la rigolade. Le troisième Hokage vient de se sacrifier pour repousser Orochimaru et tout le village se réunit pour ses funérailles. Monsieur Tourbillon est de la jérémiade mais à la différence des autres, il a tout juste le temps de se recueillir avant qu'Itachi ne vienne lui chercher des noises. La suite, tous les fidèles lecteurs de Naruto la connaissent puisque le titre d'Ubisoft suit méticuleusement la trame du manga jusqu'à la bataille aquatique contre Sasuke véreux. Pour ce qui est du jeu, pas de surprises non plus. Les valeureux ninjas qui avaient dévoré le premier épisode mangeront grosso modo les mêmes ramens dans cette suite.
Tout comme son prédécesseur, The Broken Bond alterne entre phases d'aventure et de baston. Le joueur dirige Naruto dans les environs d'un Konoha en reconstruction, l'occasion de découvrir enfin de nouvelles ambiances comme le village de Tanzaku. Lâché au milieu de ces décors soignés, le jeune genin ne peut s'empêcher d'aider tous ceux qu'il rencontre, à commencer par son nouveau sensei Jiraiya. Il faut donc s'attendre à courir sans arrêt d'un coin à l'autre de la carte en quête de bibelots insignifiants et se soumettre à des mini-jeux bateaux par amour pour son prochain. En clair, il faut accepter de s'ennuyer un peu pour accéder au bonheur. Un peu comme quand on déguste un Malabar Crépit : il faut se forcer à mâcher l'enrobage de chewing-gum écoeurant pour goutter la délicieuse poudre qui réveille les papilles. En l'occurrence, l'écoeurant, ce sont toutes les quêtes annexes sans intérêt qu'il faut se farcir pour apprendre des jutsu ou simplement avancer dans l'histoire. Quant aux granulés qui sautillent avec bonheur sur le palais, ce sont les quelques combats épiques face à Orochimaru, dès le tout début du jeu, ou encore à dos de Gamabunta, le crapaud géant, durant la recherche de Tsunade. On les attend longuement mais quand arrivent ces grands moments mi-baston, mi-QTE, on en redemande.
Crépit ou Bigoût ?
Plus spectaculaire et plus sombre, à la faveur de la trame d'origine sans doute, ce nouvel opus est aussi plus scripté. Pour le terminer en une dizaine d'heures sans compter les mini-quêtes annexes, il suffit généralement de suivre les indications d'un radar bien trop directif. Néanmoins, les développeurs ont trouvé un bon moyen de faire passer la pilule en permettant au joueur de contrôler enfin une véritable équipe de ninjas. Eh oui, Naruto n'est plus seul comme un vilain petit renard. Désormais, Kiba, Shikamaru ou encore Neji acceptent de se joindre à lui pour diverses missions et bien évidement pour combattre. Chaque protagoniste dispose de techniques spécifiques qu'il va falloir utiliser à bon escient. Naruto peut, par exemple, créer un pont avec ses clones. Sasuke, lui, sait détruire certains murs avec le Chidori tandis que Kiba peut identifier des pièges cachés sur le parcours. Pour progresser, le joueur doit jongler entre les deux ou trois personnages de son équipe. Il peut par ailleurs booster individuellement leurs compétences en les entraînant. Enfin, il a également la possibilité de lancer une attaque en duo durant les combats. Bonne nouvelle, on se croirait dans Rival Schools et on en vient à regretter que cette aventure plus que jamais tournée vers le travail d'équipe ne soit pas jouable en coopération avec un autre joueur.
Très similaire à Rise of a Ninja d'un point de vue stylistique, Naruto BB bénéficie tout de même d'un univers élargi et plus travaillé. On apprécie surtout que le talent d'Ubisoft Canada en matière de décors luxuriants ne se soit pas arrêté cette fois aux murailles de Konoha. Les abords du village caché sont eux aussi très réussis, fidèles à l'anime et assez variés compte tenu de la marge de manoeuvre relativement faible qu'autorise l'oeuvre de Kishimoto. De plus, ils sont d'une qualité plus constante qu'auparavant. Certes, ils ont tendance à se répéter, entre feuillages bruns-verts et textures rocheuses, mais l'important c'est bien que Naruto se balade avec légèreté et fluidité dans des décors léchés. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des personnages en cel-shading caoutchouc, grossièrement animés. S'ils ne s'habillaient pas à la mode de Konoha, on ne les reconnaîtrait probablement pas tous. Dernier détail qui a son importance dans l'adaptation d'une licence telle que celle-ci : les musiques sont celles de la série et les voix originales japonaises sont disponibles dans les options.
Equipe 7, le retour
L'autre facette du jeu, c'est évidemment son mode Combat en équipes de deux contre deux. Un petit coin free fight, débarrassé de toutes les simagrées du mode Scénario. Les fans ne seront pas déstabilisés par la découpe arcade de son gameplay et ses combos faciles avec deux boutons de coups, une protection, un saut et des projectiles, ni par les micro-cinématiques précédant les jutsu des 30 combattants disponibles, en comptant les transformations. Parmi ce casting bien fourni pour un Naruto, on trouve quelques anciens comme Haku et Zabuza mais aussi et surtout des têtes d'affiche attendues comme les ninjas du son, les membres de l'Akatsuki Kisame et Itachi, deux disciples d'Orochimaru Kimimaro et Kabuto, et d'autres. A l'inverse, quelques-uns se font plutôt remarquer par leur absence comme Gaï ou Inata. En attendant un hypothétique contenu téléchargeable, on peut rentabiliser son abonnement Xbox Live en se tournant vers des matchs classés en ligne. Bien agréables en complément de l'aventure, les combats auraient tout de même du mal à justifier de leur légitimité s'il n'y avait pas l'aventure solo pour les porter. En effet, les affrontements sont toujours un peu spartiates et clairement un cran en dessous de ceux de Storm. Un petit effort a été concédé à la mise en scène par le biais de nouveaux effets d'impacts inspirés par les épisodes Narutimate, mais cela n'enlève rien au fait que tous les héros semblent avoir un rouleau planté dans le derrière. Qu'on se le dise, Naruto 360 reste un jeu d'aventure-action avant d'être un grand jeu de baston. Nul doute que les fans sauront le considérer comme tel et y prendre leur pied.