On croyait en avoir fini avec eux, mais les Sans-Coeurs sont bel et bien de retour, envahissant à nouveau sournoisement chaque monde. L'heure est donc venue pour Sora, Dingo et Donald de sortir de leur mystérieux sommeil et de repartir à la chasse à ces affreuses bestioles noires. Mais au-delà de cette mission pourtant capitale, nos trois héros reprennent du service, guidés par un nouvel espoir. Le Roi Mickey aurait réussi à s'échapper du monde des Ténèbres et, par conséquent, Riku pourrait aussi être en vie. Autant dire qu'avec Kingdom Hearts II, l'aventure ne fait que commencer.
Pour être honnête, le scénario de ce second volet est bien plus complexe que ce résumé sommaire. Les trois premières heures de jeu sont d'ailleurs carrément déroutantes et volontairement source de mille et une questions. Les questions métaphysiques, la quête de soi et l'éternelle dialectique rêve/réalité sont bien sûr toujours de la partie, encore plus qu'avant même, ce qui confère au scénario une richesse inattendue. Cet épisode se veut donc la suite directe du premier Kingdom Hearts et, si l'on peut y faire ses premiers pas dans la série sans trop de problèmes - notamment grâce à de nombreux flash-backs en début d'aventure -, quelques subtilités et autres clins d'oeils échapperont sans doute aux néophytes. Sans parler d'une drôle de surprise qui attend le joueur (Sons of Liberty inside)...
Subtil était une fois...
Bien évidemment, Kingdom Hearts II conserve intact le fameux concept du cross over entre les mondes de Disney et Square Enix. Notre trio partira donc à nouveau à la découverte de la galaxie, aux commandes de son vaisseau spatial, sautant de monde en monde pour les libérer de la menace des Sans-Coeurs. On retrouvera ainsi des visages déjà croisés dans le premier épisode (la Bête, Jack Skellington, Merlin l'Enchanteur...), mais surtout de nouveaux univers comme ceux de Mulan, de Tron ou de Pirates des Caraïbes. Le déroulement de l'aventure reste donc grosso modo le même : nos trois camarades copinent avec le(s) héros des lieux et l'aident à lutter contre le méchant de service, de mèche avec les Sans-Coeurs. La formule avait fait ses preuves dans le premier épisode, elle est donc reconduite à l'identique ici. Logique.
Bien que plus controversé, le gameplay réapparaît lui aussi sans énormes modifications, comme on pouvait s'y attendre. Kingdom Hearts II fait donc toujours dans l'Action-RPG classique. On retrouve ainsi ces combats agités où l'on dirige Sora, armé de sa précieuse Keyblade, dérouillant des hordes de Sans-Coeurs façon beat'em all, tandis que le CPU se charge de commander ses deux compagnons. L'aspect RPG, évoquant toujours Final Fantasy, se retrouve dans l'XP engrangée. Les points cumulés permettent ainsi de faire évoluer nos héros, en offrant la possibilité au joueur de personnaliser ses personnages au travers de divers équipements et compétences, ou en customisant ses armes. En dehors de nouvelles aptitudes de combat et de nouvelles invocations, Kingdom Hearts II introduit également un système d'Overdrive utilisable chaque fois que la jauge dédiée est pleine. Elle dote alors Sora de pouvoirs diablement efficaces pendant une courte période, comme une fusion avec ses camarades, ou la découverte d'une seconde épée lui conférant une classe Dantesque.
Difficile de cacher que cette suite n'innove pas outre mesure par rapport au premier volet, préférant se concentrer essentiellement sur la prolongation et le développement de certains aspects du gameplay plutôt que de le corriger en profondeur. Pour autant, le feeling de cet épisode est différent. Il faut dire que l'introduction d'une caméra libre placée sur le stick droit change énormément la donne dans l'appréhension du monde et des combats. Ces derniers, bien que toujours un peu confus, semblent également moins systématiques et lourds qu'auparavant. L'aventure y perd en difficulté, mais y gagne en fluidité. Les imperfections de Kingdom Hearts ne sont donc pas balayées dans ce second volet, elles sont subtilement atténuées. De quoi ravir les fans du premier épisode et convaincre (peut-être) une partie des sceptiques.
Disney-moi un mouton !
Même si quatre années se sont écoulées depuis la sortie du premier Kingdom Hearts, on ne peut pas vraiment dire que les progrès techniques de ce numéro deux sautent aux yeux. Le rendu visuel reste, en effet, relativement basique car peu généreux en détails. La véritable évolution n'est donc pas tant visuelle que technique puisque, dans ce volet, la PS2 ne semble plus cracher ses boyaux comme avant, et fait enfin tourner le jeu avec une fluidité jamais mise à mal et des graphismes qui ont gagné, tout de même, en finesse. Notons par ailleurs que Square Enix nous offre enfin un 50 Hz optimisé, ouf. Kingdom Hearts II est donc loin d'éblouir démesurément, mais propose en revanche une esthétique redoutable grâce à la retranscription parfaite de l'univers et de l'ambiance de chaque film Disney mis en scène. La modélisation et les animations des différents protagonistes sont aussi particulièrement réussies et soignées ce qui rend les très nombreuses cut-scenes d'autant plus appréciables. Comme c'était le cas dans le premier volet, l'ambiance sonore est également riche et efficace. Dans ses musiques, généralement reprises de thèmes déjà connus, et dans ses dialogues, grâce au travail des doubleurs (français), généralement fidèles à leur personnage.